Fédération Française Handisport
13/02
Arthur Bauchet puissance 12, la France tire son épingle du jeu
L’équipe de France de ski alpin handisport a bien négocié ces championnats du monde disputés à Maribor (Slovénie) du 4 au 11 février. Et ce malgré un début de compétition marqué par les regrettables annulations des épreuves de vitesse. Emmenés par Arthur Bauchet, sacré champion du monde en Géant et en Slalom, les Tricolores ont aussi pu s’enthousiasmer des deux médailles des bronze de Jules Segers, toujours sur Géant et Slalom. S’il ne cache pas sa frustration de n’avoir pu faire le plein de médailles lors de ces Mondiaux, en raison de ces annulations, Thomas Frey, entraîneur de l’équipe de France handisport, se réjouit de la forme affichée par ses protégés. Il faudra continuer sur cette dynamique pour viser haut et grand aux Jeux de Milan – Cortina du 6 au 15 mars 2026.
Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Avec quatre médailles, dont deux titres, l’équipe de France de ski alpin handisport a globalement su s’accommoder des contretemps qui ont rythmé ces championnats du monde disputés à Maribor du 4 au 11 février 2026. La Descente, le Super-G et le Super-combiné ont en effet été annulés en Slovénie. « On ne sait pas si ces épreuves seront courues plus tard dans la saison. Cela peut être discuté avec la FIS. Seules les courses de technique ont été gardées aux mêmes dates », glisse Thomas Frey, entraîneur des skieurs alpins de l’équipe de France pour la Fédération Française Handisport.
C’est ce que l’on peut souhaiter à Hyacinthe Deleplace, bien plus enclins à briller sur les épreuves de vitesse. « Ces mondiaux ont été compliqués pour Hyacinthe parce que son potentiel est bien plus affirmé sur la vitesse et le super-combiné », confirme l’entraîneur national.
Arthur Bauchet imperturbable
Il a fallu transformer la frustration en une source positive de motivation. Ces championnats du monde n’ont pas été la grande répétition générale espérée à un an des Jeux paralympiques de Milan – Cortina (Italie), prévus du 6 au 15 mars 2026. Et ils n’ont pas pu être aussi prolifiques que ce que le clan France avait annoncé. « Ces Mondiaux, c’était un gros objectif, cette saison. On voulait se mettre dans les conditions des Jeux, vivre un grand championnat, commente Thomas Frey. Là, même si ce fut un test intéressant pour voir où nous en sommes et ce que l’on va devoir travailler d’ici un an pour les Jeux, peu de choses ont fait rêver. »
Arthur Bauchet, lui, a quand même envoyé du rêve. Encore une fois. Insatiable, le chef de file français s’est aussi montré imperturbable pour s’imposer et conserver son bien sur le Géant, dimanche 9 février, puis pour remporter le Slalom, le lendemain. Le natif de Saint-Tropez (Var), licencié au Club des sports d’hiver de Briançon, s’est ainsi octroyé ses 11e et 12e titres de champion du monde. À seulement 24 ans ! « Je suis super content, je crois que l’on dit deux décuple pour douze titres, mais c’est à vérifier, rigole le chef de file du ski alpin français. Jamais je n’aurais pensé parler de moi en ces termes quand j’ai commencé. »
Le staff tricolore au rendez-vous
L’encadrement des Bleus, qui a su maintenir tout le monde dans le bon tempo, n’est pas étranger à cette réussite. Le clan français n’a en effet démarré ces championnats du monde que dix jours après avoir posé un ski à Maribor. « On a pris les devants avant que les décisions d’annulation soient prises. On a insisté sur le fait de rester positif, retrace Thomas Frey. Il fallait accepter tous les imprévus. Même s’il n’y avait qu’une course à la fin, il fallait être bon le jour J. On a réussi à occuper les journées par des petites séances d’entraînement. »
Un sens de l’adaptation salué par les sportifs et notamment Arthur Bauchet. « Il était dur de se mettre dedans, expliquait le double champion du monde 2024, après son titre sur le Géant, dimanche. Il a fallu attendre dix jours pour enfin concourir. C’était donc assez bizarre. Mais on savait qu’il fallait être réveillé dès la première manche de notre première course. Un grand merci au staff de l’équipe de France qui a fait un travail incroyable pour nous tenir en condition et dans un bon mode avant d’attaquer ces deux courses. »
Arthur Bauchet, intouchable en Géant, a encore éclaboussé de toute sa classe et de tout son talent le slalom. Le Français a remporté le titre avec et sans les compensations. Soit sans tenir compte du handicap. « Je suis très fier. J’étais vraiment en forme en slalom. On a mis beaucoup de choses en œuvre pour essayer d’aller chercher plus loin et pour ramener encore plus de médailles. Ça paie. J’adresse aussi un grand merci à mon staff perso. »
« Cool de chanter la Marseillaise à plusieurs sur le podium »
Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, le clan bleu-blanc-rouge a aussi eu la joie de voir Jules Segers accompagner à deux reprises le leader français sur le podium. « Un grand bravo à Julo, témoigne Arthur Bauchet qui compte aussi huit médailles paralympiques au compteur, dont trois titres. C’est cool de chanter la Marseillaise à plusieurs sur le podium. Ça me fait plaisir de partager ça avec un Français, avec Jules. »
Pour ses troisièmes championnats du monde, Jules Segers s’est donc offert deux médailles de bronze sur deux possible. « Ça faisait un moment que je me sentais bien en Géant, que mon ski était là. Ça a été dur d’attendre aussi longtemps mais j’ai réussi à me mobiliser dès la première manche, à skier avec le sourire. »
Malgré une petite nuit liée à l’euphorie de cette première médaille mondiale en carrière, Jules Segers, né il y a 22 ans à Ambilly (Haute-Savoie), a récidivé sur le Slalom, lundi 10 février. « J’ai eu du mal à faire redescendre les émotions de la médaille de dimanche. Je me suis réveille un peu fatigué mais je me suis dit qu’il fallait jouer, c’était le moment. Je fais une assez bonne première manche, pendant laquelle j’aurais pu un peu plus pousser mon ski sur le plat mais, ça reste une manche correcte. Lors de la deuxième manche, j’avais pour ambition d’aller chercher la deuxième place mais j’arrive un peu moins à faire mon ski, du coup, ça me place 3. Je suis super content, ce sont mes troisièmes mondiaux mais les premiers lors desquels je gagne des médailles. J’ai rempli mes objectifs de débuts de saison. » Thomas Frey, lui, estime même « qu’il a fait un peu mieux qu’attendu ».
« Un bilan très positif »
Si Lou Braz-Dagand, 3e mondial en slalom, nourrissait de vrais espoirs de médailles voire de titres, ces quatre médailles démontrent que la France avance dans le bon sens. Au-delà de ces podiums, Thomas Frey se montre satisfait de l’état d’esprit général affiché. « Certes, Jordan Broisin et Lou Braz-Dagand doivent être déçus parce qu’ils étaient vraiment en bonne position quand ils ont chuté, mais je préfère voir ça plutôt que des athlètes bloqués par l’enjeu. Ils ont joué et ils ont perdu. Mais pour claquer un podium, ils faut jouer, appuie l’entraîneur de la FFH. Le bilan est donc très positif. »
Aurélie Richard, 4e en slalom et 6e en Géant et Meije Bidault ont tenu leur rang et emmagasiné de l’expérience. D’autres devront gagner en constance. « Il va falloir travailler le mental pour ne pas arriver aux Jeux avec des athlètes bouffés par l’enjeu qui ne se réveillent que lors des deuxièmes manches, pointe Thomas Frey. Après, nous étions sur des pistes très très faciles, des pistes qui nous sont moins favorables parce que nous préférons quand les pistes sont raides et techniques. Quand il faut engager. Néanmoins, il faut bien se préparer à ces profils un peu plats et vallonnés parce que le slalom et le Géant, à Cortina, ne seront pas très difficiles. » Voici des pistes de progression pour porter haut les couleurs françaises aux Jeux paralympiques d’hiver 2026.
Les quatre médailles françaises.
Géant hommes.
Arthur Bauchet – champion du monde ; Jules Segers – 3e.
Slalom hommes. Arthur Bauchet champion du monde ; Jules Segers – 3e.
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