Coupe du Monde - Megan RAPINOE : Un titre, plusieurs victoires en attendant d'autres
Constamment sollicitée lors de cette coupe du monde, sur le terrain mais surtout en dehors, la co-meilleure buteuse et capitaine des Etats-Unis Megan Rapinoe a montré un mental à toute épreuve lors de cette compétition. Le juste reflet d’une personnalité exceptionnelle.
Elle aurait pu parler de son trophée de meilleure joueuse du tournoi. Elle aurait pu parler de son soulier d’or, récupéré après avoir marqué 6 buts vitaux dans la conquête du titre américain. Elle aurait aussi pu parler de ce record qu’elle a battu en ouvrant le score face aux Pays-Bas, pour devenir, à 34 ans, la plus vieille buteuse lors d’une finale d’un Mondial. Sauf que Megan Rapinoe, la co-capitaine des Etats-Unis, ça ne l’obsède pas non plus, toutes ces statistiques. Plus que cela, elle a des convictions, à l'image de son rituel lorsqu'elle vient en reconnaissance du terrain. Seule, elle ôte ses claquettes en rentrant sur le terrain, les remet pour aller jusqu'au rond central...
Bien sûr, c’est une amoureuse du football, et elle l’a rappelé en zone mixte après la finale : « Ce jeu a fait tellement pour nous, on a tout donné au jeu. C’est ce qui fait qu’on a réussi à avoir cette qualité sur le terrain ». Mais encore une fois, l’un des sujets sur lequel elle s’est le plus penchée à la fin de la partie, ne concernait ni la solidité défensive américaine, ni cette incroyable réussite qui, pendant un mois en France, a fini par les redéposer sur le toit du monde, où elles étaient déjà il y a quatre ans au Canada.
"Passer à l'étape supérieure"
Le sujet du jour, c’était l’égalité des salaires. Certes, les 59 000 fans présents dans les tribunes du stade de Lyon pour la finale ont un peu poussé le sujet sur la table, en sifflant copieusement le président de la FIFA, Gianni Infantino, lors de son entrée pour la cérémonie de remise des récompenses, et en réclamant à tue-tête des salaires égaux (du moins proportionné) pour les joueuses et les joueurs.
Et comme souvent, on a failli ne plus pouvoir arrêter l’ex-Lyonnaise : « Tout le monde est prêt pour que cette revendication se concrétise. Tout le monde en a marre d'entendre cela. Passons à la suite, comment on soutient les fédérations pour aider les championnats dans le monde entier. Cela n'est pas une surprise. On a fait le show le plus incroyable. On ne peut rien faire de plus pour être les meilleures ambassadrices. Il fait passer à l'étape supérieure ». Une déclaration qui arrive 48 heures à peine après son indignation sur l’organisation de la Fifa en ce dimanche 7 juillet, où étaient prévues trois finales de compétitions internationales (La Gold Cup et la Copa América ont également connu leur dénouement ce dimanche).
Sur et hors du terrain, "elle ne se brûle pas les ailes"
Car en plus d’avoir été la grande joueuse de cette compétition, avec notamment ses doublés inscrits en 8es et en quart, respectivement face à l’Espagne et la France, l’attaquante au rire communicatif et aux cheveux couleurs bonbon est surtout une femme engagée. Avant d’affronter la France, elle racontait que sa famille l’avait façonné ainsi et que les malheurs (notamment la drogue) dans laquelle elle avait vu certains membres de son entourage sombrer l’avaient également rendue plus forte. « C'est sa personnalité. Megan a été taillée pour cela, pour être exposée, pour être la porte-parole du foot féminin, appuyait sa coach Jill Ellis, dans un ultime hommage pendant cette compétition. J'ai fait des conférences de presse avec elle, elle parle très bien, sincèrement. On a besoin d'un profil comme le sien. Je savais très bien qu'elle avait les épaules pour le faire. Plus elle est exposé, plus elle prend la lumière, elle ne se brûle pas les ailes comme Icare ».
On en a eu la preuve lors de ce Mondial, puisqu’une polémique a éclaté entre la joueuse américaine et le président Donald Trump. Dans une vidéo captée avant le Mondial celle-ci avait déclaré qu’elle ne se rendrait pas à la Maison Blanche si, comme le veut la tradition pour tous les championnats américains en sport collectifs, elles ramenaient la coupe outre-Atlantique. Forcément, le sujet est très souvent revenu sur la table aux fils des matches. « Considérant toute la passion, le temps qu’on a mis pour laisser le monde dans un meilleur état, je n’irai pas voir une administration qui n’a pas la même vision des choses », fustigeait avant le quart cette militante acharnée de l’égalité femmes-hommes et de la cause LGBT. Celle qui est en couple avec la meneuse et internationale américaine de basket Sue Bird, avait aussi décidé de ne plus chanter l’hymne américain pour protester contre la politique de Trump, avait dans le même temps réitéré son intention de ne pas se rendre à Washington. Pas sûr que le message de félicitation de ce dernier, posté sur Twitter après la finale (Bravo l’équipe féminine des Etats-Unis pour leur victoire. Match impressionnant et excitant, l’Amérique est fière de vous toutes), ne parvienne à lui faire changer d’avis. Surtout qu’elle doit avoir autre chose en tête : elle aimerait bien avoir une sérieuse conversation avec Infantino, sur cette histoire de salaire.