Les Esthètes du foot
04/12
Les plus gros bourrins des temps modernes – Les Esthètes du Foot
Ce nouveau volet des Mathématiques du Football sera consacré aux plus gros bourrins des temps modernes, ces joueurs agressifs, parfois sauvages et souvent violents et qui ont en commun une appétence particulière pour la collection de cartons jaunes, rouges, ou les deux. Aux grands bouchers traditionnels, découpeurs de chevilles ou tibias, nous avons rajouté quelques joueurs aux caractéristiques un peu différentes pour « tester », notamment Zizou pour le côté sanguin ou Stam, pour son physique de golgothe Est-Allemand stéroïdé. Au final, l’étude portera donc sur un impressionnant panel « Joga Mochito » à faire pâlir n’importe quel joueur soucieux de conserver ses deux jambes: The Cyril Rool, Van Bommel, Sergio Ramos, De Jong, Gravesen, Pepe, Makélélé, Vieira, Stam, Materazzi et Zizou. Nous nous attacherons à démontrer que ces joueurs ne sont pas tous d’affreux barbares même si la grande majorité d’entre eux ont laissé des séquelles à quelques uns de leurs adversaires. Si vous n’avez pas lu l’introduction aux mathématiques du football, filez-y, les notions qui y sont présentées pourront vous être plus qu’utiles!
Notre analyse s’articulera autour des deux graphiques suivants, le premier portant sur les cartons jaunes, le second sur les cartons rouges, le but étant de mesurer la régularité des joueurs dans leur ratio de cartons reçus par match saison par saison. Vous trouverez donc sur l’axe vertical le nombre de cartons moyen reçu par match sur l’ensemble de la carrière professionnelle des joueurs et sur l’axe horizontal la volatilité (mesure de la régularité du joueur dans le nombre de cartons reçus). Un joueur sera d’autant plus haut placé sur le graphique qu’il aura collecté un grand nombre de cartons par matchs, et un joueur sera d’autant plus orienté vers la gauche du graphique qu’il aura été très régulier chaque saison dans le nombre de cartons reçus par match.
Cyril Rool, au top Encore lui ??? Cyril Rool toujours largement devant
Vainqueur haut la main de la compétition des cartons, notre Cyril Rool national nous démontre que sa réputation n’avait rien d’un mythe ! Chapeau bas pour ses exploits sur le terrain, le français culmine à une moyenne impressionnante de 0,42 cartons jaunes par match sur l’ensemble de sa carrière ! Au total, il présente un impressionnant palmarès de 187 jaunes et 27 rouges pour 444 matchs joués. Seul l’ami Patrick Vieira cumule autant de cartons jaunes (186) mais pour un total de… 758 matchs. Véritable champion du monde du carton, Cyril Rool explose littéralement ses concurrents sur les deux tableaux. Il est le plus gros cartonneur et évidemment le moins régulier d’entre tous ! Mention spéciale sur sa compétition favorite: l’Intertoto. Sur sept rencontres disputées, le rugueux défenseur a pris deux rouges et un jaune, un bilan vraiment pas propre.
Sergio Ramos, 28 ans et (encore) toutes ses dents s’est encore fait expulser lors du dernier Clasico, écopant du 19è rouge de sa carrière, un record pour un joueur du Real. Le madrilène prétend au titre de dauphin de Cyril Rool avec le second ratio de cartons jaunes et rouges de l’échantillon, respectivement de un tous les trois et trente matchs joués. Au niveau de la régularité, Ramos ne se situe pas loin du gros du peloton et est donc relativement constant dans l’agressivité. Le bougre est encore jeune, il pourra donc prétendre à viser plus haut s’il continue sur sa lancée.
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Pepe, l’apôtre de la saleté nous donne généralement un aperçu de l’étendue de sa palette technique lors des Clasico: simulation honteuse, tacle par derrière, attaque vicieuse et sournoise…le madrilène sait tout faire. Niveau cartons, Pepe est au rendez-vous avec 129 jaunes et 12 rouges. Il pointe en troisième position du classement en termes de ratio de cartons jaunes (environ un tous les trois matchs) et pour les rouges, il se place en quatrième position avec une exclusion toutes les trente rencontres. Question régularité, Pepe est beaucoup moins volatil que Rool, il est donc plus constant dans le vice et l’agressivité. Le Portugais est incontestablement le numéro trois des bouchers européens.
En termes de cartons jaunes, et au sein de cet échantillon de joueurs assez peu classieux, Zidane fait office de petit joueur du carton jaune avec un ratio très stable et le plus faible de l’échantillon d’environ un carton tous les dix matchs, le tout avec également la volatilité la plus faible donc la plus grande régularité. Connu pour ses « coups de sang », Zizou a quand même écopé de 14 rouges sur près de 800 matchs, soit cinq fois plus que Makélélé qui a pourtant joué 100 matchs de plus ! Le Dieu Zizou rivalise là avec des énergumènes du style Gravesen ou… Materazzi.
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Materazzi parlons-en. L’affreux, connu pour toujours faire dans la dentelle, est le genre de joueur que l’on peut se permettre de détester. Toujours border line voire carrément offside, entre coup de boule à Marc Zoro, coup de pied dans les parties de Shevchenko, et le coup de la finale de la coupe du monde, Marco avait tout pour prétendre à être intégré à notre analyse. Ses résultats sont en conformité avec ce que l’on attendait de lui, avec plus de cent cartons jaunes et le troisième plus gros ratio du panel (un tous les quatre matchs) combinés à une forte volatilité démontrant une inconstance. Niveau des rouges, l’Italien en a pris 14 et se place tranquillement en troisième position avec un ratio d’environ une expulsion tous les trente matchs et une irrégularité assez prononcée.
De Jong, le néerlandais, boucher d’Hatem Ben Arfa et de bien d’autres, alterne des saisons violentes et d’autres plus correctes même si elles restent viriles. Cet « artiste » de la sauvagerie aurait largement pu figurer plus haut dans le classement, sa faute sur Ben Arfa (double fracture tibia-péroné) ne lui a même pas valu de carton, même pas un coup franc ! Sa faute sur Xavi Alsonso (chassé en pleine poitrine) ne lui a valu qu’un jaune… Ses statistiques auraient donc largement pu être plus accablantes ! La preuve, le boucher a récolté 103 jaunes mais n’a pris que deux rouges sur l’ensemble de sa carrière, soit le plus petit nombre d’expulsions au sein de l’échantillon. What ???
Hadoken !!!
Après De Jong, on ne pouvait pas tomber sur quelqu’un d’autre que son acolyte Van Bommel. A eux deux, les bataves formaient certainement l’un des milieux de terrain les plus rugueux, agressifs et vicelards des 20 dernières années. Cette critique n’a rien à voir avec leurs performances sportives remarquables mais il faut bien avouer que Van Bommel, véritable destructeur de jeu, excellait dans la faute « utile » d’antijeu. Au niveau cartons, le néerlandais se situe pourtant dans le ventre mou de l’échantillon, avec en moyenne un carton jaune tous les 4-5 matchs et d’un rouge tous les 50 matchs, certainement grâce à son vice qui lui a épargné bon nombre de cartons. Pardon, j’ai pas fait exprès…
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Thomas Gravesen, né dans le trou du cul du Danemark dans la même ville qu’Allan Simonsen (Ballon d’or 1977), est encore un de ces joueurs à la tête de hooligan déchaîné. Pour mieux comprendre cet homme, il faut savoir que l’industrie de sa ville natale de Velje repose en partie sur une grande société: les boucheries TULIP. Comme quoi, remonter aux origines des joueurs permet parfois de mieux les cerner. Sur le terrain, le poète danois ressemblait à un pitbull, ne lâchant jamais rien et allant à la faute à chaque fois qu’il se faisait prendre de vitesse ce qui, vous vous en doutez, arrivait relativement souvent. Pour les connaisseurs : « un danois, un bourrin ». Petite citation pour la route après son passage au Real: « Si tu es le mieux payé et que tu es une superstar, tu dois être le premier à aller au front. Mes ex-coéquipiers ne le faisaient pas et se comportaient parfois comme des merdes ». Malgré tout ça, Gravesen n’a pris que 90 jaunes et 6 rouges dans une carrière de près de 400 matchs soit des ratios d’un jaune/rouge tous les 5/65 matchs.
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Je souhaiterais à présent tirer mon chapeau à Mr Jaap Stam dont les surnoms sont multiples : « briseur de tibias », « serial killer », mais que je surnommerais personnellement Jason Statham. Sorte de mélange entre un Cantona dans l’énervement, un De Jong dans le jeu, et un Puygrenier dans le physique, Stam était pourtant un joueur relativement propre avec un ratio de cartons très faible et très régulier ! Comment a-t-il fait pour ne récolter qu’un carton jaune tous les six matchs ?? A noter son très faible nombre d’expulsions: seulement 3 !
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Makélélé était un joueur rugueux et dévoué qui n’hésitait jamais à aller au carton. Malgré son air innocent et un physique d’apparence quelconque il était rarement le dernier à mettre le bois. Notre « Claude MC » national culmine à une moyenne d’un carton jaune tous les sept matchs sur un total de près de 900 matchs joués. Côté cartons rouges, avec seulement cinq expulsions dans sa carrière le natif de Kinshasa présente un bilan plus qu’honorable. On notera une forte augmentation du ratio des cartons jaunes en fin de carrière lorsqu’il a rejoint le PSG: certainement l’effet L1 avec un arbitrage plus sévère qu’en Premier League.
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Dans la série des internationaux français, je demande également Vieira aka « le long », recordman des cartons reçus en Angleterre époque Arsenal. Adepte du fighting spirit à l’anglaise, le natif de Dakar n’était pas le dernier quand il s’agissait de venir mettre un grand coup de pied dans les parties de son adversaire ou d’imposer un style musclé et engagé sur le terrain. L’ancien de City figure en quatrième position du classement en terme de ratio de cartons jaunes (186, un tous les 4 matchs) et en troisième position des cartons rouges (17, un tous les 45 matchs), le tout avec une régularité intermédiaire. Ce n’est pas Rool mais ce n’est pas Zizou non plus ! Petit aperçu, coquin le Pat !
Le combo simul/coup dans les burnes
Ces bourrins auraient pu figurer dans cette étude : Bernard Mendy, Franck Jurietti, Roy Keane