Fédération Française Handisport
14/01
L’ancien skieur Yohann Taberlet devient Délégué Technique de la FIS
Yohann Taberlet a consacré sa vie au ski para-alpin. Selon ses propres mots, ce n’est pas seulement une passion, mais une partie de son identité. Aujourd’hui, le Français est prêt à redonner à ce sport en travaillant dans les coulisses, en rejoignant la Fédération Internationale de Ski et de Snowboard (FIS) en tant que Délégué Technique (DT).
Il a été le premier DT en ski assis à officier lors d’un événement de la Coupe du monde de ski para-alpin FIS à St-Moritz, du 11 au 13 janvier. Son rôle a consisté à garantir l’équité de la course, la sécurité des athlètes et le bon déroulement de l’événement, avec un chronométrage précis et fiable.
Le quadruple paralympien apporte une perspective unique à ce nouveau poste, ayant lui-même arpenté les pistes. De son expérience, il sait que les participants ne se rendent pas toujours compte de tout ce qui est nécessaire pour garantir le bon déroulement des compétitions.
Anja Skutelj, directrice des courses de ski para-alpin FIS, se réjouit particulièrement de pouvoir compter sur l’expertise de Taberlet au sein de la fédération :
« Nous avons déjà travaillé ensemble lorsqu’il était athlète. Avoir Yohann de retour sur le circuit de la Coupe du monde para-alpine, maintenant en tant que Délégué Technique, est un véritable plaisir. Son expérience d’ancien athlète de Coupe du monde est d’une grande valeur pour ce rôle, et j’ai une totale confiance en son engagement à prioriser les intérêts des athlètes. »
Yohann, après la fin de votre carrière professionnelle en ski de compétition, quand et pourquoi avez-vous choisi de devenir Délégué Technique (DT) de la FIS ? Après avoir conclu ma carrière dans le ski de compétition, il était important pour moi de rester connecté à ce sport qui a marqué une partie si significative de ma vie. Le ski alpin n’est pas seulement une passion ; c’est une partie de mon identité, et je voulais continuer à contribuer à son développement et à son succès, mais d’une manière différente.
Le rôle de Délégué Technique (DT) de la FIS s’est imposé naturellement. Il offre une perspective unique, à la fois technique et organisationnelle, sur les compétitions. J’ai toujours été fasciné par ce qui se passe en coulisses : la préparation des pistes, l’application des règlements et, surtout, la garantie de conditions équitables et sûres pour les athlètes.
Devenir DT m’a permis de tirer parti de mon expérience en tant qu’athlète de haut niveau. Je comprends les attentes des compétiteurs, les défis qu’ils rencontrent et les subtilités des courses. Je voulais mettre cette expertise au service d’une organisation qui répond aux standards d’excellence que j’ai toujours valorisé.
Ce rôle exige également une grande précision, la capacité de prendre des décisions rapides et une vision d’ensemble de l’événement. Ces qualités, que j’ai développé au cours de ma carrière sportive, m’ont aidé à m’épanouir dans cette nouvelle mission. En résumé, devenir DT de la FIS était pour moi une façon de rendre au ski tout ce qu’il m’a apporté, tout en continuant à évoluer dans cet univers qui me passionne tant.
Pouvez-vous expliquer le processus pour devenir Délégué Technique de la FIS ? La formation pour devenir Délégué Technique de la FIS dure généralement environ deux ans et comprend plusieurs étapes clés pour s’assurer que les candidats soient pleinement préparés aux responsabilités du poste.
Première année : Les candidats doivent assister au séminaire annuel des DT de la FIS, qui inclut des mises à jour sur les règlements et les procédures. Ils doivent également acquérir une expérience pratique en participant à au moins deux courses de la FIS dans leur pays d’origine : une dans une discipline technique et une dans une discipline de vitesse. Lors de ces courses, les candidats travaillent sous la supervision d’un DT expérimenté pour apprendre les subtilités du rôle et acquérir une expérience sur le terrain.
Deuxième année : Cette phase est axée sur l’évaluation et la certification. Les candidats doivent réussir un examen écrit et un examen oral, tous deux réalisés en anglais. De plus, ils sont évalués lors de deux courses pratiques (une en discipline technique et une en discipline de vitesse), sous la supervision d’un représentant officiel de la FIS. Ces évaluations testent leur capacité à gérer les tâches, à assurer le respect des règlements et à prendre des décisions sous pression.
En résumé, la première année est centrée sur l’apprentissage et l’expérience supervisée, tandis que la deuxième année met l’accent sur l’évaluation formelle via des examens et des mises en situation pratiques. Ce processus rigoureux garantit que seuls des individus bien préparés et compétents soient certifiés comme DT de la FIS.
Quel a été le plus grand défi pour vous dans ce processus ? Le plus grand défi pour moi a été d’adapter les examens pratiques à ma situation en tant que personne en situation de handicap. Comme je skie en position assise, nous avons dû trouver des solutions pour garantir l’accès à certaines zones, comme les cabines de chronométrage et des sections spécifiques des pistes. Cependant, il était très important pour moi d’être traité comme tout le monde, avec ma particularité, mais sans traitement de faveur concernant les tâches pratiques ou les évaluations.
Cette approche a été pleinement respectée, ce que j’ai profondément apprécié, car cela a donné encore plus de valeur à ce diplôme. Les ajustements m’ont permis de compléter l’ensemble du processus sans compromettre la rigueur de l’évaluation.
Finalement, surmonter ces défis m’a permis de grandir à la fois personnellement et professionnellement. Cela m’a également donné une compréhension encore plus profonde des complexités liées à l’organisation de compétitions de ski de haut niveau, ainsi que de l’importance de l’inclusivité dans le sport.
Pouvez-vous expliquer quelles sont les principales tâches d’un Délégué Technique de la FIS ? Les principales tâches d’un DT de la FIS sont de s’assurer que les règles et directives de la FIS sont respectées, de superviser le bon déroulement de l’événement et d’assumer la responsabilité de la sécurité des athlètes, ce qui est un aspect crucial du rôle.
De plus, le DT doit vérifier tous les paramètres de la course, y compris les systèmes de chronométrage. Sans un chronométrage précis, il n’y a pas de course. Il est essentiel de s’assurer que l’équipement de chronométrage fonctionne correctement, car cela a un impact direct sur l’équité et l’intégrité de la compétition.
En résumé, un DT de la FIS doit garantir l’équité de la course, la sécurité des athlètes et le bon déroulement de l’événement, avec un chronométrage précis et fiable.
Dans quelles disciplines et à quel niveau travaillez-vous en tant que Délégué Technique de la FIS ? Jusqu’à présent, j’ai eu des affectations officielles dans les disciplines techniques, en particulier en slalom et en slalom géant. Mon travail a varié, allant d’événements de la FIS en milieu urbain à des championnats nationaux et même à des épreuves de Coupe du monde.
Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre rôle de Délégué Technique de la FIS ? Ce que j’apprécie avant tout, c’est que ce rôle me permet de retourner sur les lieux des compétitions et de renouer avec mes amis du monde du ski, qu’ils soient athlètes ou entraîneurs. C’est le premier aspect que j’aime vraiment. Mais plus sérieusement, j’apprécie aussi de prendre des responsabilités, et le rôle de DT est très important, surtout en ce qui concerne la sécurité physique des athlètes et le bon déroulement des courses.
Ce que j’aime le plus, c’est organiser et diriger de grands événements où tous les athlètes rentrent chez eux en sécurité, avec le sourire et le sentiment d’avoir vécu une compétition inoubliable.
Comment votre expérience d’athlète de Coupe du monde vous aide-t-elle dans ce rôle ? Mon expérience d’athlète et de paralympien m’aide principalement parce que je connais déjà de nombreuses règles entourant les compétitions de haut niveau. C’est aussi une expérience acquise de l’autre côté de la barrière : en tant qu’athlète, on ne réalise pas toujours l’ampleur des tâches et des responsabilités de tous ceux qui entourent la course. Maintenant, en tant que DT, je comprends cela. Cette expérience me permet, je crois, de prendre des décisions justes dans mon rôle.
Quelles qualités sont nécessaires pour être un bon Délégué Technique de la FIS ? Pour moi, être un bon DT de la FIS nécessite d’être une personne calme, capable de garder la tête froide et attentive aux athlètes et aux entraîneurs. En même temps, il est important d’avoir le charisme nécessaire pour prendre des décisions aussi justes que possible, tout en restant cohérent avec tous les éléments en jeu à ce moment-là. Cependant, la principale qualité reste d’être humble face aux éléments. Il est essentiel de se rappeler que personne n’est parfait et qu’il n’existe pas de vérité absolue. Il faut savoir rester humble en toute situation, ce qui signifie être attentif et constructif dans les choix et les décisions que l’on prend.
Quels sont vos objectifs dans votre rôle de Délégué Technique de la FIS ? Comme je l’ai mentionné plus tôt dans l’interview, ce que j’espère accomplir dans ce rôle, c’est que les athlètes vivent de grands moments de performance et d’excellence sportive, et qu’ils rentrent chez eux indemnes. Surtout, je veux qu’ils gardent en mémoire le souvenir d’avoir participé à une compétition de classe mondiale, avec des conditions de sécurité optimales et, plus important encore, du plaisir.
Source : interview réalisée par la FIS