Union Sportive de l'Enseignement du Premier Degré
09/12
Laïcité : « Tous pareils », bien plus qu’un refrain
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Jeux coopératifs, rando-découverte, réflexion sur le handicap et flashmob final : c’était le programme des enfants d’une école de campagne et de leurs hôtes d’un quartier de Tours, mardi 3 décembre, dans le cadre de l’opération laïcité de l’Usep. Dix classes pour une belle rencontre, au sens plein.
L’Usep des villes accueille l’Usep des champs : sans être fausse, l’accroche est réductrice. En effet, l’école Giraudoux n’est pas située en centre-ville de Tours mais au cœur du quartier isolé des Fontaines, grand ensemble surgi dans les années 1970. Quant à l’école du bourg de Druye, son village se « péri-urbanise » et appartient désormais à la Métropole Tours-Val-de-Loire. Si loin, si proche, ou l’inverse : c’est précisément ce qui intéresse les équipes enseignantes, appariées sous les auspices du comité Usep d’Indre-et-Loire pour cette opération nationale laïcité.
Programme chargé. 9 h 45 : à leur descente du car les élèves de Druye sont accueillis par les élèves de Giraudoux sous une banderole « Bienvenue ». D’ici 15 heures, les 225 enfants ont un programme chargé : ateliers sportifs, randonnée de proximité et enfin réflexion sur le handicap, associée à la préparation du flashmob de clôture. Et comme les classes de Druye vont de la moyenne section de maternelle au CM2 quand celles de Giraudoux se résument au triptyque CP-CE1-CE2, les élèves sont répartis selon leur âge, « petits » d’un côté et « grands » de l’autre.
Ateliers coopératifs. Comme souhaité dans le cahier des charges, les enfants de Giraudoux ont conçu les ateliers sportifs, avec le concours d’enseignants qui ont coloré le thème de l’égalité d’une dominante handicap : cela donne des duos de marcheurs entravés par l’un de leurs pieds, ou placés dos à dos avec un ballon qu’il ne faut surtout pas faire tomber. Et aussi un jeu où les enfants qui font la ronde se contorsionnent dans des cerceaux qu’ils se transmettent de l’un à l’autre. À ces jeux coopératifs s’en ajoutent trois autres, assimilables à des para-sports : un lancer de vortex assis, une course à l’aveugle et un « béret muet », où les numéros ne sont pas annoncés oralement mais écrits sur une ardoise, de façon à inclure les enfants malentendants. À chaque fois, un élève de Giraudoux explique la règle du jeu, comme la jeune Manal pour le parcours à pied entravé où elle fait ensuite merveille avec la fluette Shéryne. « C’est bien, c’est drôle », commentent Alyssa et Jade, deux grandes CM2 de Druye.
Randonnée. D’autres enfants partent à la découverte du quartier, guidés par Estelle, maîtresse des CP de Giraudoux et coordinatrice de la journée. L’enseignante invite ses jeunes hôtes à lever les yeux : « Ici, la plupart des enfants habitent dans les immeubles alentour et se rendent à l’école à pied, et non en voiture… Les autres viennent en bus, un bus que nous utilisons aussi pour les sorties au cinéma, à l’opéra ou au musée. » S’en suit un petit échange sur ce qui distingue un autobus – « beaucoup d’arrêts et on s’y tient debout quand il est plein » – d’un autocar – « où chacun est assis et s’attache à son siège ».
Trois passages zébrés plus loin, un escalier donne accès aux rives du Cher et à la passerelle qui mène à l’île Balzac, vaste étendue herbeuse où les enfants de Giraudoux participent aux courses d’orientation et aux cross Usep. « La dernière fois, nous avons été accueillis par un héron ! » s’exclame la guide-conférencière. « C’est quoi, un héron ? », demande du tac-au-tac Éva qui, bien qu’habitant la campagne, a moins l’occasion d’en voir… Puis, comme l’herbe est humide et la troupe émoussée, tout le monde s’assied au soleil à même le ciment d’une dalle pour écouter les rocambolesques mésaventures de Loup gris dans la ville, qui s’attendait à trouver là « un vrai garde-manger ».
Pique-nique. Mais ici aussi les ventres gargouillent. Après des ateliers où petits citadins et ruraux étaient mélangés, on se retrouve entre soi pour le pique-nique. Ou on se mêle aux nouveaux copains et copines, comme l’observent avec intérêt les enseignantes de Druye tout en échangeant elles-mêmes leurs impressions avec leurs collègues.
Atelier handicap. Les groupes qui ne sont pas encore passés par l’atelier handicap grimpent ensuite dans les classes. Assis à sa table, voici venue l’heure de la dictée : « Oh noooon ! » Sauf qu’il s’agit d’une dictée de nombres, à deviner en lisant sur les lèvres de d’Audrey, enseignante de Druye : une mise en situation d’enfant malentendant qui suscite l’intérêt général. Les autres exercices surprennent tout autant les enfants, comme écrire son prénom de sa « mauvaise » main ou dessiner à l’aveugle un carré, puis y tracer deux petits ronds et ajouter plus bas deux rectangles, avec un résultat qui suscite l’hilarité devant ses gribouillis. Il y a cette vidéo cacophonique, qui éclaire sur le vécu d’un enfant autiste, et ce texte projeté au tableau dont les lettres sont prises de la danse de Saint-Guy – frappante allégorie de la dyslexie. « Moi, les mots, je les vois un peu comme ça », confirmeront Charly, Alyssa ou Elena devant leurs camarades esbaudis.
Flash mob. Suit un apprentissage express de la chorégraphie qui vient clore la journée avec Élise, enseignante de Giraudoux, comme meneuse de revue. « On est tous pareils, deux yeux, deux oreilles, dix doigts, dix orteils… » s’époumonent et gesticulent à l’unisson 225 choristes sur le tube des Enfantastiques, avec un tel bonheur qu’un rappel le redouble aussitôt. « Tous pareils », que l’on soit plus ou moins métissé et que l’on habite la ville ou la campagne, et surtout tous ensemble, comme ce sera de nouveau le cas pour la rencontre retour à Druye. « Il y aura des ateliers athlétiques équitables, courses, sauts, lancers », annonce déjà Sandra, binôme d’Estelle dans ce jumelage entre écoles Usep, tandis que « la randonnée conduira les enfants dans les rues du centre-bourg : l’ancienne gare, la mairie, l’église… Une balade sous le signe du patrimoine local ! » Et pour les enfants de Giraudoux, un changement de décor, à vingt minutes en autocar.
Un maillot de foot au mur du préau
Au mur du préau où les enfants préparent la flash mob, un maillot de football dédicacé et encadré sous verre attire le regard. Rayé de noir et de rouge, c’est celui de Sofiane Diop, milieu de terrain de l’OGC Nice et enfant des Fontaines. « Ancien de l’école, il nous a offert du matériel sportif, a financé une partie de la classe verte des CM1-CM2 et est venu rencontrer les enfants », explique Estelle. Les Fontaines, « quartier prioritaire » où les gamins de Giraudoux n’oublient pas l’école d’où ils viennent.
L’opération laïcité promeut l’égalité en mode aller-retour
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