Us Bergeracoise Vallée Dordogne 1ère Division Federale - Trophée Jean Prat
26/02
La chronique de BLACK IS BACK « Palmade »
Si le Rugby te fait frissonner, et si tu as connu la télé où le chat pouvait encore dormir dessus, alors ce nom te parle. Si tu n’as vu que des téloches pas plus épaisses que le Midol, alors je vais t’expliquer.
POMPIDOU était aux commandes pour encore quelques mois. COUDERC faisait le Rugby avec BALA, tu vois c’est pas tout à fait hier. Les arbitres internationaux étaient tous Britanniques. A un moment, Albert l’Agenais a fait le coup de la colère froide : « Eh les Tontons ! ça commence à bien faire maintenant ! ». Alors les Britichs un peu retords (pourtant c’est pas leur habitude) se sont dit : « OK ! Ils veulent un arbitre Français, eh ben on va leur en coller un. On va trouver un pèlerin qui parle pas un mot d’Anglais, comme ça il va tellement se planter, qu’on sera plus emmerdé pendant 50 piges ».
C’est Francis PALMADE qui a décroché le pompon. Premier arbitre Français international, ça en jette sur une carte de visite. Bon, mais c’est pas le tout, une fois sur le terrain, il faut quand même donner aux joueurs le pourquoi du coup de sifflet. « Je sais, je vais leur faire des gestes ». Ce mec a inventé à lui tout seul la gestuelle des arbitres. Ça semble idiot, mais personne y avait pensé jusque là. Du coup, non seulement les joueurs savent en quoi ils ont merdé, mais les spectateurs aussi. Avant le public gueulait « Mais pourquoi il siffle ce con d’arbitre ? », maintenant le public gueule : « Mais non !!! Y a pas en avant, il est con cet arbitre ! ». Ça change tout. Autre conséquence, aujourd’hui les arbitres de la planète entière, même les Anglais, parlent avec des gestes qui ont l’accent Français.
Bien ça c’est fait, mais faire des grimaces avec les bras ne fait pas pour autant un bon arbitre. Pour son tout premier match au sifflet, vers Limoges, un entraineur lui a dit « Toi t’iras pas bien loin à l’arbitrage ». C’est pile poil la bonne banderille qu’il fallait lui poser. Alors il a bossé, et bossé et bossé encore. Les règles de l’époque étaient quand même assez floues. Pour éclairer ça, il a aussi inventé l’équilibre entre la règle et l’esprit. Coller une grosse praline dans la tronche d’un mec n’était pas forcément grave, à condition que ce soit fait dans l’esprit. Par contre, tricher pour nuire au jeu n’était pas pardonnable. Les curseurs de la tolérance n’étaient pas tout à fait au même niveau qu’aujourd’hui. Autres temps, autres mœurs. Toujours est-il qu’à la maison quand j’étais gamin, mon père disait « C’est PALMADE qui arbitre, on va avoir un bon match ».
L’autre jour PALMADE était à BERGERAC. Je vais le voir : « Bonjour Monsieur PALMADE – Pop pop pop ! Arrrrrrête un peu avec tes Monsieurs, appelle moi Frrrrancis comme tout le monde ». Un torrent de cailloux roule dans son accent, j’ai pas trouvé mieux que NOUGARO pour décrire sa façon de parler, un reste de sa Catalogne d’origine. L’avantage avec PALMADE, c’est que tu poses la première question et t’es parti pour une heure de réponses et de rigolades. Tu sautes à pieds joints dans un livre d’histoires (au pluriel). « Un jour le Michel PALMIER …. Une autre fois le Gérard CHOLET ….. », et t’es comme un enfant devant un sapin de Noël.
Tu sais pourquoi le Francis était chez nous à Gaston l’autre jour ? Pour superviser l’arbitrage. À 80 et quelques piges. Passion quand tu nous tiens !
Sur le terrain il faut dire Monsieur l’arbitre. Entre ovaliens on dit PALMADE. Lui préfère qu’on dise Francis. Mais au bout du compte, ce bonhomme, quand t’es avec lui, tu penses MONSIEUR. Je sais bien, ça fait un peu cliché cette formule, mais parle avec lui une fois et tu vas comprendre que c’est pas juste pour faire joli que je dis ça.