Sport24 20/10
Pourquoi Emery est coupable de ruiner le talent Ben Arfa - Fil Info - Ligue des champions - Football
Par Bruno Roger-PetitIl entre à dix minutes de la fin. Il se demande ce qu'il fait là. Il tente l'impossible, pour se donner des raisons d'être là. Il échoue. Il se traine, âme en peine. Pourquoi tant de haine ?Voilà à quoi l'on pensait, ce mercredi, en assistant au spectacle de Ben Arfa contre Bâle (3-0). Pourquoi conduire un joueur à ne plus être que l'ombre de lui-même ? Pourquoi créer les conditions d'un échec ? Pourquoi infliger à un talent brut tant d'humiliations que l'on n'ose même plus infliger à des trouffions de seconde classe ? A la fin, à quoi joue Emery dans cette affaire ? Toutes ces questions doivent être posées, car ce qui est en train de se passer au PSG, autour du cas Ben Arfa, est grave.Depuis trois matchs, Ben Arfa est condamné aux miettes. Dix minutes de jeu, en fin de match. Même Gavroche était mieux traité dans Les Misérables. A chaque fois, la séquence est la même. En début de seconde période, il est envoyé par Emery à l'échauffement. Et le temps passe, passe, passe... A la fin, Ben Arfa ne s'échauffe même plus (ICI) ... Au bout d'une éternité pour un footballeur qui piaffe de jouer, Ben Arfa entre. A un moment où tout est joué. Son entrée est inutile. Du coup, pour montrer ce qu'il vaut, Ben Arfa tente l'impossible, comme face à Bâle, où on l'a vu tenter de dribbler trois joueurs au milieu du terrain. Et il se plante, pris entre sa volonté de briller et l'angoisse de rater son coup. C'est en tragique...Emery est le responsable de cette situation. On veut bien tout passer à l'entraineur du PSG, mais on ne peut demeurer sans réagir face au traitement qu'il inflige à Ben Arfa. Parce que ce traitement, qu'en droit du travail on qualifierait de harcèlement moral, n'est pas digne du grand stratège des choses du football qu'il prétend être. Emery joue avec le mental de Ben Arfa de manière perverse, disant devant les caméras combien il apprécie ses efforts, donc suscitant espoir, avant de l'assigner au banc, encore au banc, toujours au banc, quand vient l'heure du match. Attristant.Ben Arfa est un artiste, une émotion, un sentiment... Il ne sert à rien de le traiter façon contremaitre de chaine de production, dans un contexte hérité du vieux taylorisme, en mode petit chef. Plus on cherche à l'enfermer dans un rapport disciplinaire figé, brutal et injuste, plus on le met en situation d'échec. Ce n'est pas en l'humiliant que l'on obtient le meilleur de lui, au contraire. De Pape Diouf à l'OM à Claude Puel à Nice, les exemples sont pourtant là, qui disent qu'en étant bienveillant avec Ben Arfa, on obtient récompense. Mais à Paris, en créant les conditions de son insécurite psychologique, Emery l'enferme dans une fuite en avant sans fin. Ben Arfa tente l'impossible pour montrer ce qu'il ne peut pas donner, piégé qu'il est par Emery. Ce n'est pas humain. Personne ne mérite pareil traitement.Le public parisien, qui aime tant les joueurs à la Ben Arfa, est le premier puni. Plutôt que d'assister à la mise en orbite d'un élément que l'on aimerait voir jouer aux côtés de l'implacable Cavani ou de l'indispensable Verratti, on contemple une descente aux enfers qui n'a aucun sens sportif. Lamentable représentation...Face à cette situation, on demeure interdit. Un entraineur qui ruine le talent d'un joueur, quel horrible spectacle... Et une question, qui demeure encore sans réponse : pourquoi tant de haine contre Ben Arfa ?