Sport24 26/10
«Rookie transition program», ou comment apprendre à devenir un joueur NBA - Fil Info - NBA - Basket
Argent, sexe, reconversion… Le «Rookie transition program» donne aux petits nouveaux de la NBA les clés pour réussir leur carrière. Un stage de quatre jours qui a fait ses preuves et fête son 30e anniversaire en 2016.«C’est le plus beau jour de ma vie». Voilà ce que raconte le jeune Français Timothé Luwawu, 21 ans, en se remémorant cette journée de juin dernier où son nom a été appelé à la Draft NBA, marquant son entrée dans la ligue nord-américaine. Un rêve qui peut vite tourner au cauchemar si on n’y prend pas garde. Les exemples de joueurs ruinés à l’heure de la retraite existent. Certains voient leur carrière concassée par l’alcool ou la drogue, tandis que d’autres ne parviennent pas à rentrer dans le moule auprès de leurs coaches. Autant de mauvais exemples à ne pas suivre. C’est là qu’intervient le «Rookie transition program». Un stage de quatre jours auquel tous les petits nouveaux qui découvrent la grande ligne américaine se voient prêcher la bonne parole, au cœur de l’été, avant de débuter leur nouvelle carrière, leur nouvelle vie en quelque-sorte. Argent, reconversion, stress, frustration, armes… Les sujets abordés sont aussi nombreux que variés. Il est même question de sexualité, Derrick Rose, le joueur de New York, ayant récemment expliqué qu’on apprenait aux joueurs à se débarrasser de leurs préservatifs usagés pour éviter tout problème !Jason Collins, Steven A. Smith et autre Kareem Abdul-Jabbar comme intervenants«Le but est de donner les clés aux joueurs qui arrivent en NBA pour avoir une carrière professionnelle fructueuse», résume Greg Taylor de la NBA (Vice President of Player Development). Ce programme, qui fêtait cet été ses 30 ans, présente aussi l’avantage de mettre les petits nouveaux en relations avec des joueurs en activité, des retraités des parquets, des légendes du basket, des journalistes… Un panel d’intervenants qui rend le message concret et bien plus efficace. D’ailleurs, ce stage est l’occasion pour les rookies de parler avec des joueurs qui ont connu des soucis. «On veut imprimer cette image dans leur esprit. On sait ce qu’il faut pour avoir du succès. Et quand on dévie de cette trajectoire, ça peut mal se passer», glisse Purvis Short du syndicat des joueurs (NBPA), lequel juge le programme «nécessaire» et «très important».«Ça nous montre ce qu’il ne faut pas faire, note Luwawu, passé par Antibes et la Serbie avant d’atterrir chez les 76ers de Philadelphie. Je savais déjà la plupart des choses qu’on nous a dites, mais ça fait du bien de les réentendre. Et c’est très instructif de parler avec des gens, d’anciens joueurs par exemple, qui ont cette expérience. Ça m’a permis de me faire une meilleure idée de ce qui m’attend cette année, et pour le reste de ma carrière. C’est concret.» Et ce n’est pas un coup sans suite puisque la NBA fait au moins deux piqûres de rappel par an en envoyant ses émissaires au sein des équipes pour voir les petits nouveaux.Mesure cosmétique, simple outil de communication ? Comme le disait Timothé Luwawu, ce programme permet aux jeunes basketteurs de mettre le doigt sur certaines choses. Devenir un joueur NBA, devenir riche, devenir un professionnel, cela n’est pas inné pour tout le monde. «On devrait s’inspirer de cet exemple dans d’autres sports, d’autres ligues, juge l’international français Nicolas Batum, qui évolue en NBA depuis 2008. C’est une bonne entrée en matière pour des jeunes hommes de 18-20 ans qui sortent à peine de chez maman pour certains. Placer son argent, gérer son business, communiquer… Tout cela, on a parfois du mal à l’entendre au début, parce qu’on est jeune. Mais on est tous rapidement très attentif. En plus on nous aura vite oubliés après notre carrière, donc c’est maintenant qu’il est important d’écouter.»Des carrières plus courtes qu’on ne le croit Et ne croyez pas que les joueurs internationaux arrivent forcément avec plus de clés que les Américains, souvent issus de l’Université, sous prétexte qu’ils ont été professionnels dans leur pays d’origine. «Ils comprennent peut-être mieux la nature du business d’un point de vue professionnel. Mais rien ne ressemble à la NBA», prévient Purvis Short. Changements culturels, règles différentes sur le parquet, système fiscal, barrière de la langue… Les obstacles sont en effet nombreux pour les jeunes basketteurs d’Europe et d’ailleurs qui débarquent de plus en plus nombreux au sein de l’Association. Charge à Timothé Luwawu et les autres néophytes d’éviter les pièges et de devenir les stars de demain. «Je suis surtout de plus en plus impatient d’attaquer les choses sérieuses», piaffe le Frenchy. Le tout sans oublier de penser à… après-demain. «Sitôt qu’ils arrivent au sein de la Ligue, on veut que les joueurs pensent à la suite, à leur reconversion : on sait que la durée moyenne d’une carrière en NBA est inférieure à cinq ans», prévient Greg Taylor. Les nouveaux arrivants ont donc tout intérêt à suivre les conseils, recommandations qui leur ont été faits lors du «Rookie transition program» pour ne pas voir leur passage en NBA se terminer en queue de poisson, plus vite que prévu. Leur talent fera le reste. Et ça, ça ne s’apprend pas dans une salle de classe.