Sport24 21/02
City-Monaco : qui remporte le duel des milliardaires ? - Fil Info - Ligue des champions - Football
Mansour Bin Zayed Al Nahyan et Dmitry Rybolovlev s’affrontent par club interposé en 8es de finale de la Ligue des champions.L’un est né aux portes du désert du Rub al-Khali, l'autre au pied de l’Oural. Et ce n’est pas la seule différence entre eux. Si Mansour Bin Zayed Al-Nahyan et Dmitry Rybolovlev sont tous les deux milliardaires et propriétaires d’un club de football, peu de choses les relient. Présentation avant le duel entre Manchester City et l'AS Monaco, en 8e de finale aller de la Ligue des champions.Leur CV Membre de la famille royale d’Abu Dhabi, Mansour Bin Zayed Al-Nahyan, 46 ans, est le vice-premier ministre des Emirats Arabes Unis, présidé par son demi-frère le cheick Khalifa. En 2008, à la tête du fond d’investissement Abu Dhabi United Group, il rachète le club de Manchester City à l’homme d’affaires thaïlandais Thaksin Shinawatra pour 360 M$. Depuis, il a dépensé 1,3 milliard de dollars en transferts. Sa fortune familiale est estimée à plus de 20 milliards de dollars. Père de quatre enfants (Fatima 10 ans, Mohamed 9 ans, Hamdan 5 ans et Latifa 3 ans), le cheik Mansour a récemment étendu l’empire footballistique d’Abu Dhabi en investissant dans des clubs aux quatre coins du monde (New York City FC, Melbourne City FC et Yokohama F. Marinos).Dmitry Rybolovlev, 50 ans, est un homme d’affaires russe ayant prospéré dans la production d’engrais. Estimé à 7,7 milliards de dollars, son patrimoine le place au 148e rang des personnalités les plus riches du monde selon Forbes. Résident monégasque, il devient en décembre 2011 l’actionnaire majoritaire de l’AS Monaco (66%), alors en Ligue 2, contre un euro symbolique. Depuis, le club du Rocher a acheté pour plus de 330 millions d’euros de joueurs (pour 276 M€ de ventes). Père de deux filles, Ekaterina (28 ans) et Anna (16 ans), Rybolovlev sort tout juste d’une longue bataille judiciaire avec son ex-épouse Elena. Après avoir réclamé la moitié de la fortune de son mari, celle-ci a finalement obtenu 560 millions.Leur histoire11e des 19 fils de Zayed Ben Sultan Al Nahyane, fondateur en 1971 de la fédération des Émirats arabes unis, le cheikh Mansour a une trajectoire moins romanesque que celle son père, dirigeant visionnaire et fin stratège qui transforma, grâce au pétrole, Abu Dhabi (9% des réserves mondiales d’or noir) et les Émirats arabes unis en un état moderne et puissant. Après des études d’anglais aux Etats-Unis et de business à l’université des EAU, le cheikh Mansour a été propulsé à seulement 24 ans à la tête du fonds souverain International Petroleum Investment Company (IPIC). Nommé directeur de cabinet de son père en 199, il était celui par qui il fallait passer pour demander audience auprès du leader des EAU, décédé en 2004. Décrit comme «malin, travailleur et ambitieux» par le Financial Times, il incarne, avec le rachat de Manchester City mais aussi le sauvetage de la Banque Barclays auquel il participe en 2008 (pour un bénéfice faramineux de 3 milliards d’euros en revendant sa participation deux en plus tard), la frénésie d’investissements d’Abu Dhabi à l’étranger.«Rybolovlev n'était pas destiné à être milliardaire», indique le journaliste Arnaud Ramsay, auteur d’une biographie du discret homme d’affaires*. Fils de médecins né à Perm, à 1.000 km à l’Est de Moscou, le jeune Dmitry est voué à marcher sur les traces de ses parents. L’effondrement de l’URSS et son goût pour l’entreprenariat découvert par la lecture, à 12 ans, du Financier, une nouvelle de Theodore Dreiser, changent son destin. Le jeune diplômé en cardiologie bifurque vers la finance et rachète des sociétés à tarifs très bas selon les usages en cours, enfants de chœur s’abstenir, sous la présidence de Boris Eltsine. Il fera de l’une d’entre elles, Uralkali, un mastodonte de la production d’engrais potassiques qu’il cédera en 2010 pour 6,5 milliards de dollars. Souvent présenté comme un oligarque, Rybolovlev, passé par la case prison en 1996 pour une affaire de meurtre dont il sortira blanchi, refuse le terme. «Il estime qu’il n’en est pas un car il n’a pas reçu d’entreprise d’état clés en mains comme Roman Abramovich ou Mikhail Khodorkovski. Et il n’est pas proche du pouvoir russe. S’il l’avait été, il n’aurait pas croupi pendant un an en prison», explique Arnaud Ramsay.Leur style«Manchester City thanks you cheik Mansour». Cette banderole visible à l’Etihad Stadium, le patron des Citizens ne l’a pas souvent contemplée. «Depuis qu’il a racheté le club en 2008, Il n’a assisté qu’à une seule rencontre (victoire 3-0 contre Liverpool en 2010). C’est probablement le propriétaire étranger le plus mystérieux et discret de Premier League», explique Ian Herbert, journaliste au quotidien The Independent. Le 13 mai 2012, c’est devant sa télé à Abu Dhabi qu’il assiste à la victoire de son équipe contre les Queen’s Park Rangers, synonyme de premier titre de champion d’Angleterre depuis 1968. A l’image de Tamim bin Hamad al-Thani, le propriétaire qatari du PSG, le cheik Mansour suit de loin les destinées des Skyblues et laisse le président Khaldoon Al Mubarak gérer le club. Il n’est consulté que pour les décisions importantes. Malgré cette distance, le milliardaire d’Abu Dhabi serait à Manchester pour longtemps. «Cela ne fait aucun doute. Les droits télévisés ont explosé depuis qu’il a racheté City et, après avoir beaucoup dépensé, le club commence enfin à gagner de l’argent. Il lui permet aussi de développer ses affaires, notamment avec la Chine», étaie Ian Herbert. En 2015, le cheik Mansour a cédé 13% des parts du club à des investisseurs de l’Empire du milieu. D’où pourrait venir, qui sait, le prochain propriétaire-milliardaire du football européen.Hockeyeur dans sa jeunesse, Dmitry Rybolovlev a attrapé le virus du ballon rond sur le tard en assistant notamment aux rencontres de Chelsea, club de son compatriote Roman Abramovich. Si son ami Vadim Vasilyev, vice-président de l’AS Monaco, est la vraie vitrine du club, le milliardaire russe n’est jamais très loin. «Il a une totale confiance en Vasilyev mais c’est lui qui tranche. Et il veut tout savoir», confirme Arnaud Ramsay. Le patron a géré lui-même le transfert de son futur joueur-totem, Radamel Falcao, en lui rendant visite à Madrid en 2013, et s’agace quand il n’arrive pas à accéder au classement de son équipe sur le site internet de son club. Présent régulièrement à Louis II – le penthouse de 2000 m2 où il vit se situe à deux kilomètres du Stade -, Rybolovlev semble s’inscrire dans la durée à Monaco. «La présence de Vasilyev au conseil d’administration de la Ligue n’est pas anodine. On a souvent dit que Rybolovlev vendrait le club dès qu’il obtiendrait son passeport monégasque, supposé avantageux pour ses affaires. C’est peu probable. Il se sent bien sur le Rocher», conclue Ramsay.*Dmitri Rybolovlev, le roman russe du président de l’AS Monaco (au Cherche Midi)