Sport24 25/10
Les quatre erreurs qui ont condamné Dominguez à Toulon - Fil Info - Top 14 - Rugby
En deux mois à la tête du RCT comme manager, l’Italo-Argentin a mal géré plusieurs aspects capitaux de l’environnement toulonnais.Il est entré directement en conflit avec BoudjellalEn juillet, avant même que le Top 14 ne reprenne, Mourad Boudjellal et Diego Dominguez se sont sérieusement opposés à propos de l’arrivée dans le staff toulonnais de Marc Dal Maso comme entraîneur des avants. Le successeur de Bernard Laporte refusait de travailler avec le technicien qui avait révolutionné la mêlée du Japon lors de la dernière Coupe du monde. Le clash entre le président varois et son nouveau manager a été sérieux. A tel point qu’ils ont fait intervenir leurs avocats respectifs. L’affaire a fini par se dégonfler, Dominguez acceptant - à reculons - de travailler avec Dal Maso. Dans les colonnes de Var Matin, le président du RCT avait confié : «Diego sera là (pour la reprise). Nous nous sommes expliqués. Chacun a mis de l'eau dans son vin pour travailler efficacement ensemble. Il sera le manager du RCT.» Ce premier (gros) accroc allait en entraîner d’autres. Au final, le boss du RCT a reproché à Dominguez que son équipe ne soit pas assez spectaculaire, qu’elle ne fasse pas venir le public à Mayol. Rédhibitoire quand on sait qu’une grande partie de l’économie du RCT repose sur les recettes de billetterie.Il a mal géré le staff qui lui a été imposéAprès la défaite en finale du Top 14 contre le Racing et une saison blanche après trois années fastes avec Laporte (triplé en coupe d’Europe et Brennus 2014), Boudjellal a voulu «muscler» son staff. Il a donc fait appeler à Dal Maso, qu’il souhaitait engager depuis plusieurs saisons. Le président toulonnais a ensuite essayé de débaucher l’Anglais Shaun Edwards à la Fédération galloise pour solidifier sa défense mais l’IRFU a refusé de libérer Edwards. Enfin, il a fait appel à Mike Ford pour s’occuper des trois-quarts. Le tout en conservant les adjoints qui était déjà en place. Ce qui fait que Dominguez s’est retrouvé à la tête d’un staff composé des anciens de Laporte (Jacques Delmas pour les avants et Steve Meehan pour les trois-quarts) et des nouveaux voulus par Boudjellal (Dal Maso et Ford). Dominguez s’est alors essentiellement appuyé sur Delmas – qui est dans sa dernière année de contrat – et Meehan, plutôt que ceux que son président lui a imposé. Alors qu’officiellement, ce staff XXL faisait comme si tout allait bien, les tensions étaient nombreuses nombreuses. Ainsi, selon Midi Olympique, Mike Ford a se serait plaint de ses prérogatives, jugées trop limitées, et du manque de communication de Dominguez. Steve Meehan, l’ancien entraîneur des arrières toulonnais, rétrogradé analyste vidéo et responsable des «skills» (ateliers techniques) n’avait plus le droit de faire les déplacements avec l’équipe. Mais il s’est rendu, par ses propres moyens, à Sale. Il est même venu sur le banc varois… Avec, de facto, l’approbation de Dominguez.Il s’est incliné à deux reprises à MayolChaque défaite du RCT à Mayol entraîne une véritable tempête. Diego Dominguez, en deux mois à la tête du club, en a connu deux. La première, contre Brive (21-25), a conduit le président Boudjellal a un terrible coup de gueule : «On arrive à la limite de ma patience. Le stage est terminé. Maintenant, on va passer aux choses sérieuses. Cela ne veut pas dire forcément que je vais virer les coaches. Je peux me virer moi-même. Qu’on puisse foutre presque huit ans en l’air sur un match, c’est honteux. On a été pathétique. J’ai regardé la Pro D2 hier, ça joue mieux ! (…) Aujourd’hui on joue le maintien. Une équipe à 800 sélections qui joue le maintien. C’est la réalité. On est nul.» Les rumeurs de vente du RCT ont commencé à ce moment-là. Le deuxième revers des Rouge-et-Noir dans leur enceinte est intervenu contre les Saracens (23-31), champions d’Europe en titre après une première mi-temps apathique (6-25). Le ton a alors été moins dur, moins passionné. Mais c’était la première défaite de Toulon à Mayol en Coupe d’Europe après 18 succès consécutifs. Fin d’une époque. Sûr que ces deux revers ont pesé dans la balance au moment de se séparer de Dominguez.Il a retiré le capitanat à GuiradoEn arrivant aux manettes, Dominguez a voulu imprimer sa patte. Première décision : il a retiré le capitanat à Guilhem Guirado pour le confier au numéro 8 sud-africain Duane Vermeulen. Le Springbok a été le premier surpris par cette décision, comme il l’avait alors confié dans les colonnes de L’Equipe : «J’ai eu un gros choc quand j’ai appris que j’allais être le capitaine. Ça ne fait pas longtemps que je suis au club. Être capitaine est une très grosse responsabilité.» Retenu pour le Rugby Championship durant lequel il s’est blessé, Vermeulen n’a disputé son premier match avec Toulon que début octobre contre Montpellier en Top 14. De son côté, Guirado, par ailleurs indiscutable capitaine du XV de France, a pris la chose avec philosophie. «Ça ne m’a pas trop dérangé, avait-il déclaré au Figaro. Je ne recherche pas le poste de capitaine. Ce qui m’importe le plus, c’est que mes performances restent intactes et de haut niveau. Que le groupe continue à se remettre en question et à être au top. Que le club continue à avancer. Et puis, vous savez bien que tout ne repose pas uniquement sur un capitaine mais sur un groupe de joueur qui gère la vie du groupe. Il y a Matt (Giteau), Juan (Fernandez Lobbe), (Jocelino) Suta et moi-même. Ce petit groupe fait avancer les 40 joueurs.» Vouloir changer ce qui ne va pas est logique. Ce n’était pas le cas avec le brassard de capitaine du RCT…